jeudi 17 juillet 2014

La discrimination d'hier

Nous avons vu récemment la discrimination qui sévissait aux temps bibliques avec les lépreux. S'il est vrai que les personnes VIH+ sont les lépreux des temps modernes, nous allons voir ce qu'il en était hier de la discrimination dans nos sociétés.

J'entends par hier ce qui s'est passé des années 80 jusqu'à l'avènement des antirétroviraux. En effet en ces temps là, le SIDA créait une véritable psychose dans la société.

C'est ainsi que le moindre soupçon de séropositivité faisait de vous un paria, une personne à isoler, une curiosité qu'il fallait regarder de loin sans trop s'en approcher de peur de se faire contaminer.

Dans nos familles , dans nos quartiers dès que vous souffriez de palus à répétition ou mieux de typhoïde , quand vous perdiez 5% de votre poids , là , vous étiez classé d'office comme malade de SIDA.

Que dire encore si depuis quelques années vous n'aviez pas pu concevoir un enfant ? Voila ! Si vous aviez fait une série de morts- nés! C'étaient incontestablement signe de séropositivité.

Si vous aviez accouché et ne donniez pas le sein au bébé ! " vous avez vu ? Elle ne tête pas l'enfant; vous croyez que c'est pour rien ?"

Si votre mari ou votre femme mourait à la suite d'une longue et indéfinissable maladie, il ne fallait pas trop se frotter à ce veuf(cette veuve) encore désirable mais hélas contaminé(e) et devenu(e) intouchable.

Tout cela vous désignait donc d'office comme un malade de SIDA. C'était ça l'appellation: "les malades de SIDA". Dans nos sociétés , il n' y avait pas de distinction entre une personne malade de SIDA et une autre porteur de VIH.

la population était théoriquement divisée en deux: les malades de SIDA et les autres.

Pour la personne VIH+, il n' y avait que peu d'espoir de vivre longtemps en ce monde, de vivre en communion avec les autres; que ce soit dans les réunions, les associations ou simplement dans le voisinage.

Dans les réunions, à l'Eglise, votre siège était réservé et personne ne pouvait oser s' y asseoir de peur de porter le SIDA. On en était arrivé au point où personne n'osait plus vous tendre la main, encore moins vous embrasser.

Ce fut le commencement du baiser fraternel sur les deux joues. Personne ne se risquait plus à embrasser sur la bouche une personne soupçonnée.

Si vous étiez une bayam salam, il fallait simplement vendre votre fond de commerce; personne n'osait plus acheter chez vous. Il ne fallait pas oser quémander quelques chose chez la voisine.Le sel, la hache ...toutes choses que les femmes ont tendance à demander.

Dès que votre enfant avait un accrochage avec son ami de jeu, la famille de ce dernier le rudoyait et le rappelait à l'ordre. Ne savait - il pas que c'était l'enfant d'un malade de SIDA? Jouer avec lui signifiait donc attraper le SIDA.

L' adage le dit non? Telle mère telle fille,tel père tel fils ! Donc pour le commun, tous nos enfants étaient des malades de Sida et il fallait le plus possible s'en éloigner.

Heureusement avec l'avènement des antirétroviraux , les symptômes se sont un peu estompés , les porteurs de VIH ont pu mener une vie plus normale , sans les fréquentes maladies opportunistes.

Les bouches se sont tues. Jusqu'à l'apparition de la lypoatrophie qui fut comme une torche dans la nuit de leur ignorance.

1 commentaire:

banduras a dit…

cette discrimination la tend à disparaitre . cela devait etre proprement invivable . C'est comme ci chacun marchait avec une pancarte accroché à son dos et disant '' j'ai le SIDA''.
curieusement les meme personnes qui stigmatisaient les autres se sont retrouvés VIH+ , d'autres en sont meme morts!